Une lueur dans la nuit by Stacy Willingham

Auteur:Stacy Willingham [Willingham, Stacy]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Injustice, Thriller, Tueur en série, Disparitions, Policier & Polar, Psychologie, Roman
ISBN: 9782378152901
Éditeur: Talent
Publié: 2022-09-27T04:00:00+00:00

CHAPITRE 25

Je ne bouge pas d’un centimètre jusqu’à ce que j’entende le rugissement de son moteur et le bruit sourd de son pick-up qui fait demi-tour sur le trottoir et disparaît de mon allée. Je reste parfaitement immobile, avec pour seule compagnie le bruit de son véhicule qui fait une marche arrière pour ensuite s’éloigner et s’évanouir au loin, jusqu’à ce qu’enfin, je sois complètement seule.

Tu crois vraiment que je ne sais pas qui tu es, Chloe ?

Ses mots m’ont enfermée dans mon propre corps. Ils m’ont immobilisée à la seconde où il s’est retourné pour me fixer droit dans les yeux. J’étais paralysée. C’était la même paralysie qui m’avait gagnée que lorsque j’avais vu mon père se glisser furtivement à travers le jardin, la nuit tombée, avec une pelle à la main. Je savais que j’étais en train d’assister à quelque chose de mal, de terrible. De dangereux. Je savais que j’aurais dû courir, crier. Je savais que j’aurais dû me précipiter par la porte d’entrée et agiter les bras dans tous les sens. Tout comme les pas lents et pesants de mon père m’avaient ankylosée, les yeux de Bert Rhodes m’avaient hypnotisée et cloué mes pieds au sol. Sa voix s’était enroulée autour de mon corps comme un serpent, refusant de me libérer. Sa voix était épaisse comme de l’eau salée, et tenter d’y échapper, d’échapper à Bert Rhodes, c’était comme essayer de courir dans un marécage dont le fond boueux, épais et lourd vous colle aux chevilles. Et plus vous essayez de vous frayer un chemin à travers, plus la fatigue vous gagne. Vous faiblissez petit à petit et vous vous enfoncez, de plus en plus profondément.

J’attends encore une bonne minute. Je veux être sûre qu’il est bel et bien parti. Puis, lentement, je fais un pas en avant. Le poids de mes talons fait craquer le parquet sous mes pieds.

Je ne parle pas d’elle. Je ne parle pas de Lena. Je ne me suis jamais demandé ce que ça faisait, que de perdre la vie.

Je fais un autre pas en avant – doucement, avec beaucoup de précautions, comme s’il était caché derrière la porte encore ouverte, attendant de frapper.

Je parle de ton père. Je parle de ce que ça fait, que de prendre une vie.

Je fais un dernier pas pour atteindre la porte, puis je la claque, la ferme à clé et j’appuie mon dos contre le bois. Je tremble de tout mon être, la pièce devient de plus en plus claire ; je m’efforce de combattre cette sensation étrange qui déferle dans votre corps quand les effets d’une poussée inattendue d’adrénaline commencent à s’estomper – le bout des doigts qui tremble, les points noirs dans le champ de vision, la respiration saccadée. Je glisse le long de la porte et m’assois par terre. Je passe les doigts dans mes cheveux et j’essaie de ne pas fondre en larmes.

Au bout d’un temps, je relève la tête et je vois, au-dessus de moi, fixé au mur, le panneau de commande du système de sécurité et son écran qui s’illumine.

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